Emile Guimet disait : « Il y a des savants qui se cachent, qui se tiennent à l’écart. Ils se choisissent, se comptent, se retirent dans le saint des saints et ferment le rideau derrière eux. Eh bien, moi, je fais des trous au rideau ! Je veux voir et je veux que tout le monde voie ! ». En me remémorant ces paroles du fondateur du Musée national des arts asiatiques (MNAAG), je mesure combien la crise du Covid-19 a dû être difficile pour nos institutions muséales.
Car quel est le rôle du Musée si ce n’est de montrer, de « donner à voir » au public l’héritage du passé, la beauté et le génie des mondes disparus ? De faire revivre, par l’exposition, l’enseignement et la recherche, les vestiges de temps révolus ?
Le long confinement imposé par l’épidémie de coronavirus a brutalement privé cette institution, chère au cœur des français, de sa raison d’être. Contraints de fermer leurs portes pour plusieurs mois, les musées ont également confiné leurs collections. Privées de leurs visiteurs, ces dernières se sont en quelque sorte endormies.
Je suis reconnaissant aux équipes du MNAAG et de la Société des Amis du Musée Guimet (SAMG) d’avoir redoublé d’efforts pour maintenir le lien avec le public et les adhérents en cette période difficile. Malgré la menace sanitaire inédite induite par le Covid19, le Musée Guimet est demeuré fidèle au souhait de son fondateur. Tout en restant chez soi, chacun a pu partir explorer, en compagnie de Sophie Makariou , les fabuleuses réserves du musée dans la série de vidéos pédagogiques « Guimet Underground ». La SAMG n’a pas manqué d’informer ses adhérents de l’actualité d’un musée qui a continué à vivre, malgré la crise, dans sa newsletter des « Rendez-vous du Vendredi ».
Les efforts consentis par notre pays, durement éprouvé pendant trois mois, ont toutefois permis de retrouver le chemin de nos musées. Leur vocation demeure, même si les conditions d’accueil du public ont nécessairement changé.
C’est avec grand plaisir que je me suis rendu à la première nocturne estivale du MNAAG, le jeudi 9 juillet dernier. Dans le strict respect des gestes-barrière, j’ai pu retrouver les œuvres si belles et singulières qui font du MNAAG une « Petite Asie » au cœur de la capitale. J’ai noté que certains espaces d’exposition avaient été réaménagés pendant le confinement. Après l’épreuve il n’est pas plus mal que le Musée, qui a vocation à vivre et donc à changer, se réinvente. La taille humaine des collections exposées et leur rotation régulière contribuent à faire du MNAAG un lieu intime et vivant, propice à la contemplation et à des découvertes chaque fois renouvelées. Je crois bien qu’il m’avait manqué !
Et bientôt, j’irai visiter avec le même plaisir – et en compagnie de visiteurs que j’espère nombreux - l’exposition « Fuji, Pays de neige », consacrée à la figuration de la célèbre montagne japonaise dans l’art de l’estampe. Avec l’augmentation des températures, qui refuserait un peu de fraîcheur ?
Andrea Lo-Casto Porte
Membre de la Société des Amis du Musée Guimet (SAMG)